Homélie du jour ! vendredi 20 mars – frère honorat

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Aujourd’hui, nous fêtons saint Nicétas, évêque d’Apollonie, en Macédoine, au VIIIème siècle. Il vivait à l’époque de la crise iconoclaste. Il ne s’agit pas là d’un ancêtre du coronavirus, mais d’une hérésie consistant à dire qu’un chrétien n’a pas le droit de faire des images du Christ ou des saints, et encore moins de les vénérer. Le chrétien moyen du XXIème siècle que nous sommes peut avoir du mal à comprendre en quoi une telle affirmation pose tant de problème. Mais ce qu’il faut comprendre, c’est que derrière ce refus des images, il y a un refus du mystère du Christ. En effet l’Ancien Testament interdit de faire des images représentant Dieu, car ce dernier étant esprit, nul ne peut le représenter. Mais en Jésus, Dieu s’est fait homme. On a pu le voir et le toucher. Ce faisant, pour un chrétien, il est possible de représenter Dieu en représentant le Christ. C’est pour cela que les premiers chrétiens se sont mis à faire des images du Christ et de saints. Or, au bout de quelques siècles, certains se sont mis à mettre en cause la divinité du Christ. Selon eux, Jésus n’était qu’un homme parmi les autres. Ce faisant, l’interdiction de l’Ancien Testament de faire des images devait être rétabli.


Vous l’aurez compris, le brave saint Nicétas n’était pas iconoclaste, bien au contraire. Face à ceux qui détruisaient les images saintes, il a continué à affirmer la foi de l’Église en la divinité du Christ. Cela l’a conduit à être exilé et à mourir sur une terre étrangère. Cette crise autour des images, et plus particulièrement des icônes, s’est principalement déroulée en Orient. Cela a profondément marqué les églises de ces régions, ce qui se ressent dans l’importance très grande qu’elles donnent au culte des icônes. Cela peut même parfois paraître étrange aux occidentaux que nous sommes. On peut par exemple avoir l’impression qu’ils accordent plus d’importance aux icônes qu’au tabernacle lorsqu’ils rentrent dans une église !


Mais la situation dans laquelle nous nous trouvons actuellement nous invite à nous enrichir un peu plus de ce lien que les orientaux ont avec les images. En effet, depuis maintenant une semaine que nous sommes privés de l’eucharistie, nous pouvons avoir l’impression d’une certaine absence de Dieu. Il est vrai que le Saint-Sacrement est un moyen éminent de la présence du Christ parmi nous, mais c’est loin d’être le seul. Peut-être avons-nous à redécouvrir la place des images saintes comme instruments pour vivre cette relation à Dieu. Comme l’enseignaient les pères de l’Eglise, le culte que je rends à une image remonte à l’original. Ainsi, lorsque j’embrasse un crucifix, c’est le Christ en croix que j’embrasse, même s’il n’est pas réellement présent à travers l’objet que je tiens dans ma main. L’intention que je donne à mon geste permet à ce dernier d’atteindre Dieu lui-même. Nous avons, chacun de nous, des images, des icônes, des statues ou des crucifix chez nous. Parfois, ceux-ci sont présents comme de simples décorations. Au mieux, ils nous rappellent notre identité chrétienne. En cette période où nous sommes privés de l’eucharistie, je vous invite à regarder toutes ces images comme des fenêtres ouvertes vous donnant accès au mystère. Nous avons à apprendre à nous en servir pour exprimer notre adoration, notre louange, notre amour envers le Seigneur. Aimer le Seigneur notre Dieu de tout notre cœur, de toute notre âme, de tout notre esprit et de toute notre force : C’est là le premier commandement nous rappelle le Christ dans l’évangile d’aujourd’hui. Aidons-nous de toutes ces images pour lui exprimer cet amour : le culte que l’on rend à une image revient à l’original. Cela ne réclame pas d’être très compliqué : une simple parole intérieure en regardant un crucifix : « Seigneur, Je t’aime ». Voir même, un simple regard. Mais on peut aller plus loin, en embrassant l’image ou en s’agenouillant devant elle. N’ayons pas peur de nous servir de ces moyens que nous offre la tradition de l’Église. Si Dieu s’est fait homme, c’est pour nous permettre de venir à lui par un chemin adapté à notre humanité. Adapté aussi à la situation si particulière dans laquelle nous sommes.

Amen

Auteur :Mr le curé

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