« Voici l’héritier, tuons-le et nous aurons l’héritage. » Cette phrase tragique de la parabole donnée par Jésus dans l’évangile de ce dimanche nous met face aux raisonnements tordus dont chacun de nous est capable. En tuant le Fils unique, les vignerons se voient déjà comme les futurs destinataires de l’héritage et donc les propriétaires de la vigne.
Dimanche dernier, le diocèse et la ville faisaient mémoire de sainte Jeanne d’Arc. Son « Messire Dieu, premier servi », reste actuel si nous laissons vraiment Dieu être maître de nos vies, maître de nos âmes, maître de la Vigne, maître de la Terre.
Ce dimanche, saint François d’Assise s’efface discrètement devant la célébration dominicale. Le Poverello était connu pour son humilité, mot qui a pour racine « humus », la terre en latin. Saint François s’est mis au service du Seigneur, en proclamant la beauté de la nature et la présence de Dieu. Notre pape François, en donnant à l’Eglise et au monde, « Laudato si » nous rappelait lui aussi l’urgence de prendre soin de la Création de manière concrète. Le mois de la Création se termine : comment ai-je mis plus d’attention au service de la Terre ? Comment est-ce que je me laisse décentrer, bousculer par cette question ? Du tri des poubelles à l’usage de mes pieds ou du vélo, en passant par la prière de louange, 1000 occasions se présentent à moi si je me laisse rejoindre par cet appel pressant !
L’héritage… cela reste tout de même une vraie question. Quel est mon héritage spirituel ? Quel est mon patrimoine spirituel ? Je voudrais vous partager une expérience merveilleuse que j’ai pu vivre le week-end dernier. J’ai eu la joie avec quelques paroissiens et notre curé de participer à Paris au Congrès Mission. Je rends grâce en premier lieu de l’expérience ecclésiale faite à ce moment-là autant avec des prêtres qu’avec des laïcs venus de toute la France. Les tables rondes et les célébrations m’ont profondément recentré sur la question missionnaire : est-ce une option réservée à certains parmi nous, qui auraient les talents adéquats ? Comment permettre à notre communauté paroissiale de devenir missionnaire ?
Si les cordées sont des lieux d’inclusion de chacun au grand Corps ecclésial que doit former notre paroisse, à moi de me laisser interpeler : suis-je prêt à faire corps avec ma paroisse ? Suis-je prêt à accueillir, à ouvrir, à aller vers, à prendre le risque ?
Fr Jean-Syméon