Pourquoi allons-nous à la messe ?
Le Dimanche des Curieux représente un vrai challenge. Nous allons inviter des gens à une activité qui, pour beaucoup, a l’image d’une corvée. Certains d’entre eux trouvent les rites abscons et vides de sens. Si pendant des années, la peur, le conformisme social, le sens du devoir offraient des raisons de substitutions lorsque la ferveur était défaillante, aujourd’hui ces leviers sont totalement inopérants. Face à une société du divertissement, la messe fait pâle figure… Timothy Radcliffe raconte que lors d’une confirmation, un enfant auquel l’évêque demandait s’il était prêt à aller à la messe tous les dimanches, lui répondit : « Est-ce que vous iriez voir le même film toutes les semaines ? » Pour quelqu’un qui regarderait de l’extérieur lors de la messe, il n’y a pas l’air de se passer grand-chose… Bref, le défi peut s’apparenter à mission impossible.
Inviter quelqu’un à venir à la messe c’est forcément se confronter à une question très personnelle. Pourquoi vais-je à la messe ? Qu’est-ce que cela m’apporte ? Qu’est-ce que je cherche ? Qu’est-ce que j’attends ? Qu’est-ce que j’y trouve ou n’y trouve pas ?
On me dit souvent : « j’aime aller à la messe quand j’en ai envie, quand j’en ressens le besoin ». Bien évidemment aller à la messe librement, par choix, a une infinie valeur et que le devoir ne peut-être un moteur qui dure longtemps. Toutefois il ne faut pas oublier que le décrochage de la pratique n’est pas sans effet. J’aime l’expression de Guillaume Cuchet qui rappelle que la pratique est « christianisante ». C’est à dire qu’à travers la pratique de la messe dominicale, à travers cette expérience personnelle et communautaire, à travers l’écoute de textes que je n’ai pas choisis, à travers l’offrande de mon temps et de mon corps, je me forme, je me modèle, je reçois, je suis enrichi. Si la pratique est « christianisante », l’arrêt de la pratique est hélas très rapidement « déchristianisante ».
Cette expérience de la messe, nous voulons la rendre plus accessible, parce qu’il peut être intimidant de se retrouver dans une célébration quand nous ne connaissons pas les codes, les rituels, les réponses, les gestes. Accompagner quelqu’un à la messe, c’est faciliter une rencontre. Votre rôle est indispensable, il permettra peut-être à quelqu’un de franchir un cap qu’il n’aurait jamais franchi tout seul. Le Seigneur ne nous demande pas de convertir, ni de convaincre, seulement de conduire. Le reste ne nous appartient pas. Je suis persuadé qu’il n’y a rien de plus beau que le témoignage d’une communauté qui prie. Parfois l’habitude nous fait oublier combien une célébration recueillie est un témoignage qui se passe de mots. Inviter quelqu’un à participer à la messe avec moi c’est avoir l’occasion de redécouvrir cette célébration avec un regard neuf, débarrassé de la lassitude.